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éducation nationale - Page 9

  • Claude Allègre parmi les siens...

    Nous reproduisons ci-dessous un portrait au vitriol de Claude Allègre par Claude Bourrinet, publié sur Voxnr. A lire !...

     

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    Nicolas, Claude, François et les autres

    Stefan Zweig, avant son suicide, le 22 février 1942, écrivit une nouvelle, Le Joueur d’échec, publiée à titre posthume, qui met aux prises, autour d’un échiquier, deux êtres que tout oppose. Le premier, Monsieur B., un aristocrate, a pratiqué le jeu subtil dans une geôle de la Gestapo. Le second, Mirko Czentovic, champion du monde des échecs, comme Claude Allègre peut être lauréat du Nobel etc., est un individu frustre, ignorant, redoutable tacticien, exécutant efficace. L’un est pourvu de ce que Pascal nomme l’esprit de finesse, dont la lucidité aiguë peut entraîner la faiblesse et l’impuissance, l’autre de l’esprit de géométrie, dont l’engrenage mécanique garantit une victoire, celle du tracteur, image chère à notre ancien ministre de l’éducation « nationale ».

    Les saillies grotesques de l’homme Allègre, qui ressemblent par bien des côtés, dans l’ordre intellectuel, aux provocations gouailleuses d’un Coluche, avec la même productivité démagogique, auraient pu apparaître, à la fin des années 90, comme le cas pathologique d’un imposteur étrangement parvenu sur l’un des sommets de l’appareil d’Etat. Mais au fond, on le vit bien dans les commencements d’un XXIe siècle, concept néomaniaque cher à tous les modernistes fétichistes, que la vulgarité, la caricature imbécile et agressive, allaient devenir, même au faîte de l’Etat, un mode de gouvernement.

    On apprend que le personnage a rejoint le QG de Nicolas Sarkozy, avec lequel il doit bien se trouver des accointances. Le plus pitoyable et le plus comique dans l’affaire, est que les journalistes collent au produit made in USA Allègre l’étiquette « socialiste ». Il est vrai que le système d’alternance gauche/droite demande encore que l’on croie aux apparences, comme les philosophes « éclairés », descendants des haruspices, appliquaient mécaniquement, selon les dires entendus de Voltaire, les gestes de la messe, tout en se clignant de l’œil, goguenards. Voilà encore un effet de la séduction présidentielle, dira-t-on. Il est vrai que plusieurs transfuges du parti socialiste, les uns mus par le ressentiment, d’autres par l’arrivisme, certains par des appétences sionistes et atlantistes, tous par un penchant avoué pour le libéralisme économique, ont rejoint les rangs de ce qu’on désigne comme la « droite ». Il est inutile de revenir sur ce qu’a été, durant les cinq dernières années, ce jeu de dupes, ce trompe-l’œil itératif, qui n’a fait qu’amuser la galerie médiatique, et contribuer à plonger le pays dans le désespoir.

    Le plus surprenant est que l’on accorde tant d’importance à des personnages aussi peu reluisants, dont la crédibilité, dans le domaine qui est le leur, est largement entamée. A ce titre, Allègre demeure comme un paradigme, un exemplaire de l’imposture récurrente, non seulement parce qu’il a mené une politique démagogique et dévastatrice au ministère de l’Education, avec le soutien et les conseil de cet autre Attila qu’est Philippe Merrieu, mais aussi, dans le domaine scientifique, il a enfilé comme des perles les bourdes, les erreurs, des ignorances qui auraient disqualifié n’importe quel lycéen. Qui ne se souvient pas de ses sorties bouffonnes, dénoncée par les spécialistes, sur la gravitation, sur la relativité, sur le réchauffement climatique, et, dernièrement, sur les OGM, qui seraient inoffensives pour l’environnement ? Celui qui conseillait jadis d’étudier au lycée les mémoires de Zinedine Zidane, et qui s’en prenait grossièrement aux professeurs, détenteurs du savoir, est sans doute le plus apte à lâcher des énormités. Mais ce triste sire, qui réside de façon quasi permanente aux USA, qui ne voit que par l’empirisme raboteur ango-saxon, qui présente en modèle l’enseignement dévasté du nouveau-monde, n’est-il pas finalement ce que l’on peut offrir de meilleur en guise de libéral estampillé ? Nous voyons chaque jour, parmi ces « économistes » qui hantent les plateaux de télévision, ce genre de spécimens aussi obtus que des reptiliens antédiluviens, auprès desquels un mammouth est une bête d’une subtilité sans pareille.
    La question essentielle serait de savoir pourquoi on passe si aisément de la « gauche » à la « droite ». Si l’on s’avisait d’enquêter sur l’hypothèse inversée d’une passe entre « droite » et « gauche », on serait bien prêt d’avouer qu’un tel effort est inutile. La « droite » en effet est d’accord avec la « gauche » sur presque tout ce qui touche les problèmes « sociétaux » et civilisationnels : elle est partisane, dans les faits, sinon explicitement, de l’immigration de masse, favorable au « métissage », ne hait point le mariage gay, l’euthanasie, même si elle y met parfois des airs de sainte Nitouche, électoralisme oblige, bafoue l’autorité des maîtres, des parents, crache sur notre Histoire nationale, quand elle ne la supprime pas, etc. Pourquoi un membre de la dite « droite » rejoindrait-il les troupes de la « gauche » si la « droite » n’est plus qu’une coquille creuse, ou, du moins, enveloppe les mêmes valeurs que celles de « gauche » ? S’il y est, à moins d’être sot comme un Orgon face à Tartuffe, il sait à quoi s’en tenir ! Il y a belle lurette que les valeurs de « droites » sont jugées désuètes, « ringardes » par une classe politique formatée par le même moule ! Mais, rétorquera-t-on, peut-être aurait-on, dans l’esprit sensible de quelque militant de l’MP, par aventure, des scrupules à voir le pays détruit par une politique libérale et mondialiste extrémiste, et voudrait-on, avec humilité, revenir à une politique équilibrée, dont l’Etat serait l’acteur volontariste, régalien, pour tout dire gaullien ? Pourquoi pas la « gauche », alors ? Seulement voilà : la « gauche » partage les mêmes convictions civilisationnelles que la « droite » en matière économique, sans parler des choix géopolitiques, sionistes et atlantistes, mondialistes et, in fine, comme un Strauss Kahn et un Attali ne cessaient de le marteler, le même projet de gouvernement planétaire, totalitaire, et dédaigneux des identités (hormis celles qui, provisoirement, peuvent servir à leur entreprise dévastatrice de nos racines).

    Les déclarations récentes de Hollande, dans le journal de « gauche » britannique, le Guardian, ne laissent guère de doute sur ce choix. Le candidat « socialiste » avance dans cet entretien qu’il ne faut pas prendre pour argent comptant ses déclarations belliqueuses contre la « finance », que la gauche, sous Mitterrand, avait déjà « réconcilié » le pays avec l’entreprise et la bourse, que les communistes sont cuits, bref, qu’il est un libéral pure souche. La preuve ? Il admire Tony Blair, dont on sait comment il continua la politique libérale de Margaret Thatcher, et comment il fut désigné par le sobriquet de « caniche de Bush », lui qui aligna son pays sur la politique agressive et colonisatrice des Américains en Irak, comment il mentit effrontément, fut accusé de crime de guerre etc. Beau modèle, en vérité ! Un peu comme ces responsables « socialistes » grecs, espagnols et belges, collaborateurs des fossoyeurs de leur propre pays, acteurs de plans de rigueur, dont Hollande, en Grèce, ne met pas en doute l’opportunité. Terra Nova, Groupe de réflexion qui l’influence, ne prend-il pas son inspiration dans le système politique et économique américain ? Les « primaires » ne sont-elles pas un plagiat grotesque des mœurs outre-atlantiques ? En souhaitant un retour de la Grande-Bretagne au « cœur » de l’Union européenne, Hollande n’avoue-t-il pas explicitement un choix libre-échangiste, mondialiste, à domination anglo-saxonne, dont la prépondérance écrasante de la langue anglaise est l’illustration, perspective que le général de Gaulle craignait, et qui fut ouverte, comme l’on sait, en 1973, par l’entrée du Royaume uni dans le Marché commun ? Après l’avoir longtemps caricaturé par idéalisme idéologique, la « gauche » n’a-t-elle pas balancé, comme la France, le peuple français dans la corbeille de l’Histoire ?

    Si Allègre possède une qualité, c’est celle de synthétiser, dans sa médiocrité de fourbe, dans son cynisme de Ganelon, dans sa vulgarité libérale, dans sa brutalité de politicard roublard et méprisant, les tendances lourdes de l’UMPS.

    Claude Bourrinet (Voxnr, 20 février 2012)

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  • L'école : un désastre annoncé ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Claude Bourrinet, cueilli sur Voxnr et consacré à l'éducation nationale...

     

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    L'école : un désastre annoncé

    Les Cassandre ont toujours tort, jusqu'à ce que la catastrophe leur donne raison. Mais alors le combat a déjà pris fin, ne laissant que des cadavres.

    Les morts, en l'occurrence, ce sont les élèves. Plusieurs générations perdues, sacrifiées sur l'autel de l'expérimentation pédagogique, d'aventures hasardeuses de laboratoire, que des boutiquiers fraudeurs, des trafiquants de contrefaçons, des apprentis sorciers, déresponsabilisés, concoctant dans leurs cénacles de conférenciers médiatiques leurs potions indigestes, ont voué à la médiocrité, à cette insignifiance justement qu'on ne cesse de nous mijoter, comme une pitance à la Mac-do. Le comble, l'ironie dévastatrice de cette folie, de cette hallucination collective, c'est qu'on se fonde sur la ruine réitérée, obstinée, de plus en plus évidente – une dévastation radicale dont le spectacle devrait pourtant s'imposer, même aux aveugles, comme un aveu d'échec – pour continuer à creuser cette fosse commune. La logique voudrait que ceux qui sont à l'origine de cette mise à mort programmée en fussent les premiers sanctionnés, puisque pédagogues du régime, bureaucrates soviétiformes et ministres incompétents – ou cyniques - nous assènent depuis trente ou quarante ans cette politique « éducative » d'égalisation aux forceps, et d'abrutissement de notre jeunesse. Il faudrait pour ce faire que notre soi-disant élite fût pourvue d'un sens logique un peu plus solide, et d'une honnêteté qui fait singulièrement défaut à notre époque. Le principal pouvoir, le quatrième, celui des médias, sans lesquels il ne peut plus y avoir de roi, ne s'y trompe pas, en travaillant, en bon petit ouvriers mineur, à saper l'autorité des professeurs, à désacraliser l'Ecole, en discréditant les savoirs, en promouvant un hédonisme de supermarché délétère, et en enjoignant, comme un dogme, une égalisation des conditions, volonté apparemment bardée de bonnes intentions, mais dans les faits d'une hypocrisie parfaitement tartuffienne.

    Une pétition, parue récemment dans Libération, dénonçant l'écart croissant entre les élèves en difficultés, dont certains sortent du système sans diplôme, et une minorité, qui bénéficie de conditions plus favorables, sous couvert de relancer un débat pipé, se présente comme une réplique d'innombrables opérations du même type. Il s'agit d'un missile communicationnel, que certains groupes de pression lancent régulièrement, celui-là pour détruire un peu plus, si tant est qu'il en reste quelque chose, l'école considérée comme une forteresse de l'injustice et de la cruauté. La rhétorique de nos pétitionnaires acharnés, dont l'indigné – par essence - Stéphane Hessel, jamais en mal de trouver une cause sainte, le jargon de nos protestataires récidivistes, qui, pour l'écrasante majorité d'entre eux, n'ont jamais, ou n'ont plus, depuis longtemps, été en présence d'élèves, révèlent bien à quelle idéologie nous avons affaire.

    En réclamant le « bien-être » et la « sérénité » pour les élèves, on emploie des notions qui sont, selon la langue de velours contemporaine, des « marqueurs ». Ils constituent tout autant l'attirail lexical du libertaire que celui du sectateur new age. Les temps sont au grand bain dans l'immense bleu de l'apesanteur hédoniste, au mol abandon du corps et de l'esprit rétifs aux accrocs du réel. Il faudrait jouir non seulement sans entraves, mais avec la paix de l'esprit. Il est vrai que l'idiotie, l'inculture et le consumérisme le plus obtus invitent à cette ataraxie confortable, propice sans doute à la lobotomie exigée par l'entreprise moderne et par un marché peu avide d'angoisse existentielle. En voulant par exemple que le primaire empiète sur le secondaire, on ne saurait mieux avouer la régression mentale d'une jeunesse que l'on tient mieux en prolongeant son infantilisation, qu'en la confrontant aux nécessités de l'affrontement, de l'effort, de la rudesse d'une société qui ne lui fera pas de cadeaux, et, surtout, en la soumettant à une mise à l'épreuve de soi-même, gage de progrès véritable et d'exploration de ses richesses intérieures. En voulant l'enfermer dans une bulle sécurisée, on la condamne à ne pas grandir et mûrir. En déniant légitimité à tout arrachement, à toute situation d'étrangeté, à tout processus dérangeant, on bloque sa capacité à réagir adéquatement, de façon vigoureuse. En la condamnant aux travaux d'équipe, en le cantonnant à des tâches mécaniques et dérisoires, dont la prétention voudrait qu’elles l’ « éveillent », en mettant l'accent sur le doigt plutôt que sur la lune, en considérant que l'informatique, l'électronique, le gadget peuvent dispenser d'approfondir, on établit l'inculture et le conformisme sur un terrain épais, celui de la paresse la plus imperméable à l'aventure intellectuelle. Mais au fond n'est-ce pas là le désir d'un système qui réduit l'individu à une somme de stimuli et de songes creux, médiocres, au demeurant ne possédant même plus la fraîcheur de l'enfance, tant on a transformé celui-ci en apprenti consommateur ?

    Il en va de même de la volonté de remplacer ce que les spécialistes nomment l'évaluation « sommative » (« sommer », « imposer de façon autoritaire » , « juger » : voyez-vous la malice !) par celle appelée « formative ». Figurez-vous que, jadis, on ne « formait » pas. Maintenant, l'élève, bardé de « compétences », se construit lui-même. Même Monsieur Jourdain n'aurait plus besoin de maîtres. Comme il est en effet question de se « former » toute la vie, et que le primaire a vocation à s'étendre finalement jusqu'à une retraite par ailleurs reculée jusqu'à l'orée de la mort, il faut assurer cet avenir radieux. Tout repère sérieux ayant été dilué dans une bouillie évaluative floue, les chats seront toujours gris et frustrés. Du moins les chats de gouttière, car les autres, les aristochats, sauront bien sortir de cette mélasse, grâce à des trajectoires toutes trouvées, dans des établissements où l'évaluation ne sera pas de pacotille, dans des collèges et lycées, très onéreux, bien sûr, et autrement exigeants.

    Qui ne voit que toute cette logorrhée mélodramatique, qui répudie ce que l’homme sait depuis qu’il est homme, à savoir que la vie est normalement faite d'échecs, mais aussi de réussites, que la société est, et sera, toujours fondée sur une inégalité somme toute nécessaire, que les progrès individuels et collectifs se réalisent dans l'effort, la peine, le risque, qui ne voit que, si l'on met de côté les idiots utiles, les niais idéologiques, les figurants indispensables, le véritable objectif de ces manœuvres répétées est de livrer élèves, parents, familles au marché de l'éducation et de l'enseignement ? Et cela, au nom d'une « démocratisation », qui n'est qu'une massification, comme la cantine et le supermarché, comme l'autoroute et le tourisme moderne ?

    Cette dévastation est voulue, pour des raisons économiques, mais aussi, plus sournoisement, au nom de principes encore plus dangereux et nocifs, s'il en est. La polémique suscitée par l'abandon de tout un pan de notre Histoire nationale, et la mise à l'écart, plus sournoise, de notre littérature, indiquent l'enjeu véritable du problème. Il s'agit ni plus ni moins que de gommer, de supprimer toute conscience nationale, en même temps que tout esprit critique.

    Entendons-nous : nous ne nous appartenons pas. Notre langue est un héritage, comme la société où nous sommes nés, ses valeurs, ses us, ses mœurs, sa mémoire, ses gloires et ses tragédies. Au centre de l'éducation, il doit, il devrait y avoir la Nation, ce qui a fait notre peuple. L'Europe aussi, bien sûr, et, comme horizon plus large, l'Humanité, les dons des autres peuples. En voulant assassiner notre système éducatif, c'est un bon coup de poignard qu'on assène à ce qui façonne l’homme différencié. Il est vrai que pour beaucoup de nos idéologues, c'est plutôt un grand service que l'on rend. Mais à qui ?

    Le discours sociologique dominant veut que le fait exige. C'est ainsi, et pas autrement. La société est comme cela, les élèves ne sont pas autrement, surtout pas comme avant. Derrière ces assertions fades et capitulardes se cache le calcul. Mais aussi une paresse d'esprit complètement contraire à la santé et à la force d'une communauté.

    Or, le principe de la vie en société, donc de la morale, c'est de bien penser. L'ambition démesurée de « démocratiser » l'école, quand bien même elle repose sur des principes progressistes (mais, qu'est-ce que le progrès?), est une aberration du point de vue de l'efficacité. Outre le fait que l'emploi n'est pas en soi une production du système scolaire, mais de l'économie, et que le chômage, en vérité, est voulu, programmé par un système qui en tire amplement profit, il est malhonnête, vicieux, de se réclamer de la démocratie, quand celle-ci ne peut exister réellement, aussi bien en politique, que dans les domaines social et culturel. On a cherché hypocritement à y faire croire, ou à la faire espérer, par démagogie, ou en nivelant tout le monde jusqu'à un étiage où même une limace pourrait pratiquer le saut en hauteur, et, bien que l'époque soit celle du fric, c'est-à-dire le facteur le moins démocratique qui soit, on a argué de cette urgence pour tout démonter, tout détruire. Le collège unique ne se conçoit que dans le cadre d'une pensée unique. Cependant, il serait sain de se débarrasser de ces âneries malfaisantes, et de voir les choses en face. L'idéologie empêche de réagir, et d'agir.

    Aussi, répétons-le, serait-il plus utile d'avouer qu'il existera toujours des inégalités, des échecs. La réussite pour tous est un slogan irréaliste et totalitaire. Il vaudrait mieux permettre à une élite solide de se construire, de s'aguerrir, et de rendre service, ainsi, à tous. Il faudrait aussi, après des évaluations sérieuses, déterminer qui doit suivre un programme allégé, quitte à ce qu'il existe des passerelles pour intégrer la voie supérieure. Les jeunes élèves et étudiants doivent apprendre notre histoire, se réapproprier nos racines, de façon approfondie pour ceux qui peuvent, de façon plus affective pour les autres, mais toujours sérieusement, pour que les « mythes » communautaires soudent la Nation. Enfin, une éducation du caractère est indispensable, à tous les niveaux, tant physiquement que mentalement.

    Claude Bourrinet (Voxnr, 14 janvier 2012)

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  • Bien creusé, la taupe !...

    Dans sa chronique du 1er novembre 2011 sur RTL, Eric Zemmour, à partir du cas exemplaire de l'"homoparentalité", analyse avec brio le travail de sape mené au sein de l'éducation nationale par les agents d'influence de la mouvance libérale-libertaire, généralement formés au sein des groupuscules trotskistes, dans le but d'imposer au peuple des réformes "sociétales" dont il ne veut pas...

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  • Les professeurs contre l'école ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un article de Claude Bourrinet, cueilli sur Voxnr et consacré à la crise de l'école et à la responsabilité que portent dans celle-ci les professeurs...

     

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    Les professeurs contre l'école

    L’évolution du système éducatif dans notre pays est arrivée à un point tel qu’il est presque impossible de sauver quoi que ce soit de ce désastre, d’autant plus que le débat n’a pas vraiment eu lieu, que la caste des pédagogues a pris le pouvoir au sein du système, et que les décisions sont arrêtées ailleurs que dans les instances souveraines de la Nation. A qui s’étonnerait que les partis gouvernementaux soient, depuis des lustres, incapables de produire un programme éducatif digne de ce nom, et se contentent de modifier à petites doses mesurées la forme et le contenu de l’enseignement, il faudrait souligner à quel point un tel projet existe, mais dans les logiciels des instances libérales internationales, comme l’OCDE, qui ne visent pas moins qu’à promouvoir l’intégration à la logique économiste, et à déraciner définitivement les consciences pour les formater à l’idéologie mondialiste. Cette utopie totalitaire se pare bien entendu des séductions les mieux pourvues en bonnes intentions, et ce n’est pas le moindre des paradoxes que les militants libertaires aient donné les gages politiques et éthiques nécessaires à l’arraisonnement libéral d’une institution qui a toujours été destinée à sauvegarder la beauté, la gratuité et l’humain dans un monde soumis aux pressions les plus destructrices.

    D’innombrables analyses ont vu le jour pour tenter de dénoncer cette entreprise mortelle pour notre avenir en tant que peuple libre, et la polémique a fait rage, bien vainement, à vrai dire. Car cela fait longtemps que, dans notre pays, et même en Europe, aucun débat n’est plus possible, comme l’a montré le référendum confisqué de 2005 sur la constitution européenne, et singulièrement dans le domaine éducatif, où se conjuguent les réflexes militants, voire fanatiques, et des stratégies arrivistes, propres à des individus qui ont vu dans le pédagogisme une bonne occasion de faire avancer leurs carrière. C’est là, à vrai dire, un mal français, traditionnel dans notre Histoire, où la bureaucratie la plus imperméable au doute s’est souvent targuée de faire le bien en considérant les administrés comme un peuple colonisé. Même le pouvoir n’y peut mais. Ainsi De Robien a-t-il essuyé, il y a quelques années, l’humiliation de voir les bureaux du ministère, et tout l’appareil, prendre le contre-pied de ses velléités de retrouver un peu de bon sens dans l’apprentissage de la lecture.

    Toutefois, on ne s’est pas posé des questions fondamentales sur le succès maintenant quasi définitif de cette entreprise de démolition. Comment le corps social, les parents, les décideurs politiques, les acteurs culturels, les intellectuels, et, plus singulièrement, les enseignants eux-mêmes, ont-ils pu accepter un état des choses qui, pour le moins, est consternant, et dont tout le monde, sauf certains cyniques, s’accorde à dire qu’il est parvenu à une ruine catastrophique ? Il est certain que nous nous heurtons à un non dit, parce que, d’une certaine manière, existent des connivences de fond, voire une complicité plus ou moins explicite. Pourquoi en effet les professeurs, pourtant si véhéments quand il s’agit de leurs retraites, n’ont-ils pas réagi face au désastre annoncé ? Pourquoi les syndicats, loin de s’opposer à une évolution dont tout être sachant penser pouvait prévoir les conséquences, ont-ils au contraire nourri le dynamisme par une rhétorique égalitariste ? Pourquoi la souffrance des enseignants, subie de façon si douloureuse, et les cris d’angoisse souvent proférées dans les salles de profs, n’ont-ils abouti à rien, et, au contraire, se sont transformés en soumission plus ou moins consentie ?

    C’est là un mystère à vrai dire. Mais à y regarder de près, on peut y trouver une explication, ou plutôt différentes raisons qui prennent racine dans l’histoire du corps enseignant.

    D’un point de vue sociologique, l’instituteur et le professeur appartiennent aux classes moyennes. Leur situation économique et sociale s’est améliorée durant les trente glorieuses, en fonction des nécessités de massification de l’enseignement, et du besoin qu’on avait d’enseignants mieux formés et motivés. Il faut ajouter à ce constat que ces enseignants, pour beaucoup d’entre eux, sont issus de familles liées au milieu, qu’ils vivent souvent en couple, et que leur pouvoir d’achat et leurs habitus ont contribué à créer une niche culturelle spécifique, que la garantie de l’emploi, grâce au statut de fonctionnaire, a solidifiée, sinon pétrifiée. Certes, la massification de l’Ecole a comporté des effets pervers. Le métier s’est dégradé, l’autorité du corps s’est dépréciée aux yeux des parents et des élèves, la valeur de la culture transmise a été dévalorisée, et, conséquemment, les revenus ont tendu à baisser en proportion d’un respect déclinant. A terme, le métier se transformant en « coaching » éducatif et en mission éducative, il est prévisible que les « avantages » matériels ou symboliques vont fondre rapidement, phénomène qui devient de plus en plus manifeste. Toutefois, l’effet « niche » a joué, et a encore préservé un minimum de confort chez ceux qui n’ont pas la malchance d’être contractuels. Il est fort à parier que le corps professoral réagira quand les « privilèges », pas seulement pécuniaires, comme les vacances, le temps hebdomadaire de travail etc., seront vraiment mis en cause, bien qu’une telle fatalité soit annoncée depuis longtemps. Mais combien restera-t-il d’enseignants titulaires ? et quel sera leur degré de combattivité ?

    Il est néanmoins assuré que les « grands récits » s’étant estompés à l’orée des années 80, avec le substrat idéologique qui pouvait faire de maints enseignants des contestataires, et la société de consommation, avec ses lâchetés, sa veulerie, sa laideur, sa vulgarité, ayant colonisé l’ensemble de la société, les petits bourgeois que sont les profs ne pouvaient échapper à cet anéantissement des réflexes immunitaires, et à la corruption universelle. Dans les salles des profs, on parle davantage du e-commerce que des Indiens du Chiapas, n’en déplaise à José Bové.

    Un autre facteur, et non des moindre, a accéléré la dislocation d’un projet éducatif, qui prend ses sources dans la Grèce antique : c’est la dépolitisation des enseignants. Nous sommes loin de la contre-culture des années soixante, et de la prédominance du parti communiste dans l’intelligentsia. Contrairement à ce que peuvent penser des gens de droite, la gauche n’est pas si populaire dans les écoles. En tout cas ne s’agit-il pas de cette gauche qui agissait contre l’argent, mais de celle qui se nourrit de la bienpensance conformiste actuelle, qui va des droit de l’homme au mariage des homosexuels, en passant par les sans papiers et l’anti-racisme. Autrement dit, le prolétariat, les pauvres autochtones ont disparu des imaginations et des paroles, au profit d’un vague sentimentalisme qu’on arbore par acquis de conscience. Mais le virus gaucher est toujours présent. Non certes dans sa traduction positive, marxiste ou communiste, mais dans la détestation de tout ce quoi, de près ou de loin, ressemble à des racines indigènes. Il est resté, chez des semi-intellectuels pourvus de quelques diplômes, ce réflexe encouragé par des médias dont on suit quotidiennement la logorrhée, sans esprit critique, de l’universalisme abstrait, de la fascination de l’ « Autre », de la survalorisation de légendes blanches ou noires, de ce mélodrame historique colporté par les idéologues du système, qui permet de justifier des pratiques que tout être sains condamnerait au nom du bon sens. Les élèves sont vus comme des victimes, la culture – dédaignée comme source d’injustice et d’inégalité, ou tout simplement parce qu’on n’en a pas le goût– est rejetée, dans la mesure même où on ne lit plus depuis belle lurette, et qu’on partage la sous-culture américanisée avec ses propres élèves. Ajoutons à cela que les humanités, quand elles n’ont pas été trahies par ceux qui devraient les défendre (il faut savoir que la moitié des certifiés n’ont pas passé le concours externe), passent après des disciplines plus « valorisantes » et « intégratrices », et des pratiques « maternelles », « protectrices », indulgentes pour les faiblesses humaines, sa paresse, sa propension au plaisir, et qu’il est devenu presque honteux de se prévaloir des grands textes, des auteurs, du patrimoine culturel de notre pays, au risque d’être déconsidéré par ce terme rédhibitoire d’ « élitiste ».

    Au point donc que les principaux ennemis des professeurs, qui n’ont jamais pris la peine de s’informer, de lire les rapports, d’écouter les Cassandre, sont les professeurs eux-mêmes.
     
    Claude Bourrinet (Voxnr, 11 octobre 2011)
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  • Plutôt le Monomotapa que Louis XIV ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de l'africaniste Bernard Lugan, cueilli sur son blog, à propos des nouveaux programmes d'histoire au collège.

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    L’histoire de l’Afrique doit-elle être enseignée dans le secondaire aux dépens des fondamentaux de l’histoire de France ?

    L’histoire des mondes non européens a toujours figuré dans les programmes scolaires, cependant, elle n’était pas enseignée aux dépens de l’histoire de France. De plus, cette nécessaire ouverture ne se faisait qu’à partir du moment où les fondamentaux de notre histoire étaient acquis par les élèves. Aujourd’hui, il en va tout autrement avec la réforme Darcos qui prépare le délitement de l’imaginaire historique national, ce précieux socle auquel les Français sont encore arrimés.
    Les ravages commencent désormais dès la classe de 5° qui a subi des amputations insensées et même proprement « ubuesques » de son programme d’histoire. Or, ces amputations ont été rendues nécessaires afin de dégager autant de plages horaires destinées à l’étude des civilisations non européennes, qu’elles soient africaines, asiatiques ou autres. Pour ce qui concerne l’Afrique, seront ainsi étudiés plusieurs royaumes avec un point central, celui du Mali. Pour leur « faire de la place », Louis XIV a donc été relégué en toute fin de programme et il ne sera donc « survolé » que si le Monomotapa (!!!) a été vu. De même que les crédits de l’armée constituent la variable d’ajustement des déficits de l’Etat, l’histoire de France devient quant à elle la variable d’ajustement des apprentis sorciers du ministère de l’Education nationale.
    Toute éducation supposant l’acquisition de fondamentaux et de connaissances de base sans lesquelles il est impossible ou vain de vouloir aller plus loin, il est donc insensé de vouloir faire apprendre l’histoire du Mali à des enfants qui ne savent pas si Napoléon a vécu avant ou après Louis XIV…Les « docteurs Folamour » du pédagogisme ne l’ignorent pas. Ils en sont même parfaitement conscients, mais ce sont d’abord des militants dont le but est de casser tous les enracinements européens considérés par eux comme susceptibles de déclencher des réactions identitaires.
    Ne nous cachons pas derrière notre pouce et disons les choses clairement : le premier but de cette aberrante réforme de l’enseignement de l’histoire est de toucher le public de ces établissements mosaïques dans lesquels 30 à 40% d’élèves possédant moins de 350 mots de vocabulaire, ne sachant ni lire, ni écrire, ni même raisonner et encore moins comparer, pourrissent littéralement l’apprentissage de classes entières. Les assassins de notre mémoire espèrent, grâce à cette réforme, capter l’attention de ces auditoires « difficiles » et avant tout peu intéressés par l’histoire de France, en leur proposant une histoire sur mesure, une histoire à la carte, une histoire ethno sectorielle en quelque sorte.
    Les élèves d’origine mandé-malinké de Tremblay en France seront peut-être attentifs à l’histoire de l’empire du Mali qui fut constitué par leurs ancêtres, mais il risque de ne pas en être de même avec les petits soninké de Garges les Gonesse, héritiers, eux, du royaume de Ghana qui fut détruit par les premiers…De plus, comment vont réagir les rejetons des nombreux autres peuples africains ? N’y a-t-il pas une forme de discrimination à leur égard ? En effet, pourquoi privilégier le Mali ou le Ghana et passer sous silence l’empire Luba et le royaume zulu ?
    Un autre but de ce programme qui fait naturellement de continuelles références à la traite des esclaves vue comme une sorte de fil conducteur de la matière, est de tenter de faire croire aux élèves que l’histoire du monde est d’abord celle de la confrontation entre les méchants, lire les Européens, et les bons, lire les autres. L’ethno culpabilité est décidément sans limites !
    De plus, et là est peut-être le plus important, l’histoire de l’Afrique a son propre temps long qui n’est pas celui de l’Europe. Elle s’appréhende avec une méthodologie particulière impliquant une maîtrise de la critique des sources orales, une connaissance approfondie de l’anthropologie, de l’archéologie, de la linguistique, etc., Or, les professeurs qui vont devoir enseigner cette histoire à leurs jeunes élèves n’ont pas été formés pour cela.
    Un exemple : la connaissance que nous avons de Philippe le Bel repose sur des dizaines de milliers d’études, de thèses, de documents d’archives, de mémoires, de correspondances, de traités etc. Son contemporain, Abu Bakr II empereur du Mali (+- 1310-1312), dont l’existence n’est même pas certaine, n’est connu que par des traditions orales tronquées, des sources arabes de seconde ou même de troisième main et par une chronologie totalement erronée établie par Maurice Delafosse en 1912. L’histoire de son bref règne, s’il a véritablement eu lieu, est pourtant largement enseignée en Afrique où ce souverain est présenté comme une sorte d’explorateur conquistador parti à la tête de 2000 ou même 3000 pirogues pour découvrir les Amériques.  
    Les professeurs des classes de 5° qui vont devoir parler du Mali, cœur du nouveau programme, devront évidemment étudier cet empereur. Or, sont-ils formés pour expliquer à leurs élèves que l’histoire scientifique ne se construit pas sur des légendes? De plus, le seul fait, dans un cours, de consacrer le même temps d’étude à un personnage historique attesté d’une part, et à un autre, largement légendaire d’autre part, conduira automatiquement les élèves à prendre le virtuel pour la réalité, ce qu’ils sont déjà largement enclins à faire avec les jeux électroniques.   
    Mais allons encore au-delà et abordons l’essence même de la question. Face à ces élèves « en difficulté» (traduction en langage politiquement incorrect : enfants dont la langue maternelle n’est pas le français), les enseignants oseront-ils, sans risquer un hourvari, expliquer qu’un tel voyage n’a jamais eu lieu?  En effet, si tout est faux dans cette légende c’est parce que les Africains de l’Ouest -à la différence de ceux de l’Est-, ne pouvaient affronter la haute mer car ils ignoraient l’usage de la voile ainsi que celui de la rame et parce que leurs pirogues étaient sans quille. 
    Les mêmes enseignants sont-ils armés pour faire comprendre à leurs classes que pour atteindre l’Amérique, les hommes d’Abu Bakr II auraient été contraints de pagayer durant plus de mille kilomètres à travers l’océan atlantique avant de rencontrer enfin le courant des Canaries, seul susceptible de leur permettre de dériver ensuite vers l’Ouest… et cela sur 6000 km ? Enfin, seront-ils en mesure de mettre en évidence l’incohérence majeure de cette légende que certains considèrent comme une histoire vraie, à travers un exemple clair : comment l’expédition de l’empereur malien aurait-elle pu atteindre l’Amérique alors que les Africains ignoraient l’existence de l’archipel du Cap-Vert situé à 500 km « à peine » de la péninsule du Cap-Vert, point le plus occidental du littoral ouest africain contrôlé par l’Empire du Mali et qui leur barrait la voie du grand large ? En effet, cet archipel était vierge et vide d’habitants en 1450,  au moment de sa découverte par le Génois Antonio Noli qui était au service du Portugal...[1]
    L’enseignement de l’histoire africaine ne s’improvise pas !
    Hier la méthode d’apprentissage de la lecture dite « globale » fabriqua des générations d’illettrés et de dyslexiques; la réforme des programmes d’histoire donnera quant à elle naissance à des générations de zombies incapables de rattacher des évènements ou des personnages à une chronologie et ayant pour toute culture historique celle du volapük mondialisé.
     
    Bernard Lugan (Blog de Bernard Lugan, vendredi 23 septembre 2011)
     
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  • Le bac, un droit pour tous ?...

    85,6 % de reçus au baccalauréat ! Trop fort ! Ca déchire grave !... Mais ce rabat-joie de Pierre Jourde vient casser l'ambiance et rappeller quelques cruelles vérités dans un texte publié sur son blog Confitures de culture...

     

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    Le bac, un droit pour tous

    Donc, le cru 2011 du bac s’avère excellent : 85, 6 % de reçus. On est bien contents.

    Un peu avant ces résultats, absolument inattendus, chaque année, ça ne manque pas, dans tous les médias, les marronniers fleurissent. Chaque année, c’est le même feuilleton haletant : comment bien réviser? Comment se préparer à la terrible épreuve? Chaque année, de doctes professeurs viennent expliquer dans le poste qu’il ne faut pas bachoter la veille mais se reposer et se détendre (contrairement au travail acharné auquel s’adonne le lycéen moyen au cours de son année). Chaque année, de doctes médecins viennent conseiller la même poudre d’ailes de chauve-souris qui boostera les facultés cérébrales pour affronter la terrible épreuve. Chaque année, micro en main, les grands reporters, n’écoutant que leur courage, font la sortie des centres d’examen et demandent aux rescapés si l’épreuve n’a pas été trop terrible.

    Et, à la fin, imperturbablement, 85,6 %.

    Ce brillant résultat appelle quelques remarques.

    D’abord, est-il absolument nécessaire de rejouer sans cesse, année après année, le même feuilleton à suspens et frissons, lorsqu’on sait que le happy end est inéluctablement au bout ? ça finit par ressembler à une comédie que le pays se donnerait pour se faire croire qu’il y a un enjeu. Comédie coûteuse.

    D’autre part, 14,4 % de recalés, cela signifie en gros que n’ont pas leur bac, mettons 10 % de gens qui ont commis des efforts désespérés dans le but de ne strictement rien foutre.( Ce qui ne garantit à personne, néanmoins, de ne pas l’obtenir.) Reste le petit 4,4% incompressible de ce que Coluche appelait les mal comprenants.

    Il y a là une injustice qui saute aux yeux : ce n’est pas parce qu’on est débile ou fainéant qu’on n’a pas le droit d’avoir son bac. Les crétins sont des hommes comme les autres. Inscrivons le droit inaliénable au bac dans la constitution!

    Ce qui nous amène à une première conclusion, qui a l’avantage d’allier la justice sociale et l’économie, ce qui n’arrive pas tous les jours : pourquoi ne pas tout simplement donner le bac à tout le monde ? Enfin, disons, allez, à tous ceux qui auront fini leur année de terminale ? Ce ne sont pas 14,4 % de reçus en plus qui changeront grand-chose à la qualité globale du recrutement.

    De nombreux experts estiment que la France doit produire plus de diplômés. Voilà un moyen bien simple d’en produire, moyen que l’on pourrait utilement étendre à tout le cursus universitaire, puisque l’idée, que dis-je le mot même de sélection est une sorte d’obscénité aux yeux des responsables politiques et des syndicats universitaires ? Jusqu’à présent, l’université s’emploie hypocritement à faire semblant de délivrer des diplômes au mérite, alors qu’il s’agit en réalité, réforme après réforme, de trouver tous les moyens possibles de les délivrer en très grande quantité. Soyons au moins cohérents, et donnons-les à tout le monde (disons à tous les étudiants assidus, sauf certificat médical, comme de juste). Là encore, le droit à la licence est en passe de devenir une conquête sociale fondamentale.

    Qu’il faille plus de diplômés, tout le monde en est d’accord. Reste le problème suivant: une longue pratique de la première année d’université permet de réaliser qu’une proportion notable d’étudiants, heureux titulaires du bac, disons, à vue de pays, un bon 50 % (à affiner, certes):

    - Ne saurait pas situer l’Irak sur un atlas. Ni la Tchéquie, d’ailleurs.

    - Ne parle couramment aucune langue vivante, après sept années à en étudier une ou deux.

    - Ne connaît rigoureusement rien des dogmes d’aucune religion.

    - Est convaincu que Napoléon a vécu au XVIIe siècle.

    - Ignore en quel siècle a vécu Mahomet et qui diable pouvait bien être Luther (un chanteur? )

    - Possède quatre cents mots de vocabulaire.

    - N’a lu aucun livre entièrement.

    - Commet 10 fautes par page.

    Seulement, si je dis ça, je suis réactionnaire. Ce qu’il faut que je dise, c’est qu’il est nécessaire que tout le monde soit diplômé, et qu’en outre les diplômes mesurent une vraie compétence. Là, je suis sympathique et moderne. Bon, alors d’accord.

    Tout de même, je voudrais bien comprendre, parfois, ce qui est arrivé à ces étudiants pendant leur parcours scolaire.

    Mais je préfère ne pas y penser, je ne veux pas être réactionnaire.

    Pierre Jourde (Confitures de culture, 16 juillet 2011)

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